Droit d'alerte et de retrait : Vos droits face aux dangers au travail
- FA-FPT CeA

- 27 mai
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 24 juin

Votre sécurité au travail n'est pas négociable. Connaissez vos droits pour vous protéger efficacement.
Face à une situation dangereuse sur votre lieu de travail, vous n'êtes pas démuni. La loi vous protège grâce au droit d'alerte et au droit de retrait. Ces dispositifs essentiels permettent de préserver votre santé et votre sécurité, sans craindre de sanctions. Décryptage de vos droits fondamentaux.
Vos droits face au danger : alerte et retrait
Le droit d'alerte : votre premier réflexe
Dès que vous avez des raisons légitimes de penser que votre situation de travail présente un danger grave et imminent pour votre vie ou votre santé, vous devez immédiatement alerter votre supérieur hiérarchique. C'est votre droit, mais aussi votre devoir.
Cette alerte est également obligatoire si vous constatez une défaillance dans les systèmes de protection mis en place par votre employeur.
Le droit de retrait : votre protection ultime
Vous pouvez vous retirer de cette situation dangereuse sans craindre aucune sanction ni retenue sur votre salaire. Peu importe que le danger se révèle finalement inexistant : seul compte le fait que votre inquiétude soit légitime et raisonnable.
Important : Votre employeur ne peut pas vous contraindre à reprendre votre poste tant que la situation dangereuse persiste. Il doit au contraire prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir votre sécurité.
Qu'est-ce qu'un danger grave et imminent ?
Ne minimisez pas les risques ! Un danger grave et imminent, c'est :
Grave : susceptible de provoquer des conséquences durables ou importantes sur votre santé physique, bien au-delà d'un simple inconfort. Une température trop basse dans les bureaux ne suffit pas, mais l'exposition à des substances toxiques, oui.
Imminent : le risque peut se concrétiser rapidement et brutalement. Cela concerne particulièrement les risques d'accident dus à des équipements défaillants, des procédures dangereuses ou un environnement de travail non sécurisé.
Exemples concrets
✅ Situations justifiant le droit de retrait :
Monter sur un équipement instable en hauteur sans protection
Utiliser des machines défectueuses
Travailler avec des équipements de protection individuelle défaillants
❌ Situations ne le justifiant pas :
Température jugée inconfortable dans les locaux
Présence de déjections d'animaux sans risque sanitaire immédiat
Les limites à connaître
Votre droit de retrait ne doit pas créer un nouveau danger pour vos collègues ou les usagers du service public. Vous devez exercer ce droit de manière responsable.
Missions incompatibles avec le droit de retrait
Certains agents ne peuvent exercer ce droit lors de missions spécifiques :
Sapeurs-pompiers : pendant leurs missions opérationnelles
Police municipale et gardes champêtres : lors d'interventions visant à préserver les personnes d'un danger grave et imminent
Ces agents restent protégés par des règlements et instructions spécifiques garantissant leur sécurité.
Comment procéder : la marche à suivre
1. Déclencher l'alerte
Vous, agent : Avisez immédiatement votre supérieur hiérarchique, avant ou pendant votre retrait du poste.
Représentants du personnel : Tout membre de la formation spécialisée du comité social peut également déclencher l'alerte s'il constate un danger. Cette alerte doit être formalisée par écrit dans le registre spécial.
2. L'enquête obligatoire
Dès réception de votre alerte, votre employeur doit :
Procéder immédiatement à une enquête avec un représentant du comité social
Prendre les mesures nécessaires pour remédier à la situation
Vous informer des décisions prises
3. En cas de désaccord
Si votre employeur conteste la réalité du danger :
La formation spécialisée du comité social se réunit en urgence (dans les 24h maximum)
En cas de désaccord persistant, l'inspection du travail est saisie obligatoirement
Un rapport détaillé est établi avec des recommandations
Votre employeur dispose de 15 jours pour apporter une réponse motivée
Vos garanties et protections
Si votre retrait est justifié :
Aucune sanction possible
Aucune retenue sur salaire
Impossibilité de vous contraindre à reprendre votre poste tant que le danger persiste
Possibilité de vous confier un autre travail adapté à vos qualifications
Si votre retrait est considéré comme injustifié :
Risque de retenue sur salaire pour absence de service fait
Possibilité de poursuites disciplinaires
Pour les agents contractuels : Vous bénéficiez du régime de réparation en cas de faute inexcusable de l'employeur si un risque signalé se réalise effectivement.
Le registre spécial : un outil de traçabilité
Ce registre, tenu sous la responsabilité de votre employeur, centralise tous les signalements de danger. Il doit contenir :
La date et la signature de l'avis
Les postes de travail concernés
La nature du danger et sa cause
Le nom des personnes exposées
Les mesures prises par l'employeur
Ce registre est accessible aux membres du comité social, aux agents concernés par la procédure, à l'inspection du travail et aux agents chargés d'inspection.
Nos conseils syndicaux
N'hésitez jamais à exercer vos droits face à une situation dangereuse
Documentez systématiquement vos alertes par écrit
Sollicitez vos représentants syndicaux en cas de difficultés
Gardez des traces de toutes vos démarches
Rappelez-vous que votre sécurité prime sur tout le reste
En cas de doute ou de difficulté, contactez immédiatement votre section syndicale. Nous sommes là pour vous accompagner et faire respecter vos droits.
Texte de référence : Décret n°85-603 du 10 juin 1985 et Code général de la fonction publique (articles R253-58 et suivants)













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